Les spectateurs du Free Berline-GT connaissent bien la Peugeot RCZ numéro 5, habillée de sa peinture rouge et de ses étoiles emblématiques. À son volant : Patrick Fessler, un pilote tout aussi incontournable et attachant qui nous vient de Normandie. Depuis bien longtemps, Patrick entretient une relation particulière avec la marque Peugeot, mais son expérience en course automobile ne se résume pas à ça. Nous l’avons rencontré afin de creuser plus loin dans son histoire.
Tu as un beau parcours dans le monde du sport auto, peux-tu nous résumer les étapes les plus marquantes de ces années de compétitions ?
Avant d’attaquer le circuit j’ai fait énormément de course de côte, à bon niveau et avec des voitures vraiment rapides. J’ai eu quatre barquettes Lola différentes, c’était très sympa mais dangereux, et comme beaucoup de mes amis j’ai abandonné après des pépins assez graves. C’est à ce moment que je suis entré chez Peugeot Sport, en commençant par la Coupe 205 Rally sur circuit. Il y avait 80 voitures et des qualifications éliminatoires, j’ai presque toujours été en finale mais j’en ai aussi cassées beaucoup. C’était une très bonne époque ! Ensuite on est passés à la 106 Rally, et la Hommell en parallèle dont j’ai gagné 3 fois le championnat. On courait dans ces deux catégories en étant seulement deux avec ma femme, elle m’emmenait la voiture sur la grille, je sortait de l’une et je montait dans l’autre pour prendre le départ. Donc je roulais avec une traction et une propulsion dans le même week-end, tout le monde me disait que j’étais fou mais ça le faisait. Je pouvais me le permettre parce que j’étais jeune et que ce n’était pas des voitures trop difficiles à piloter.
Ta femme t’accompagnes toujours sur les circuits aujourd’hui ?
Oui, et nous avons aussi un copain qui nous aide et qui se débrouille très bien. Avec lui, je ne m’occupe ni des roues, ni de l’essence. La mécanique je peux la faire, mais lui il gère l’auto.
Peux-tu nous rappeler ce que tu faisais dans la vie, et l’impact qu’avait la course sur ton activité ?
J’ai été garagiste dans un petit village de l’Eure pendant 41 ans. Je vendais aussi beaucoup de voitures donc je ne pouvais pas passer tout mon temps dans l’atelier. Les clients savaient que je faisais de la course, certains me soutenaient, et d’autres disaient que si les factures étaient salées c’était à cause de ça. Mais c’était une toute petite minorité, j’avais plutôt des clients fidèles grâce à cette image. Ce qu’ils appréciaient c’est que si je pouvais sauver une pièce, je la sauvais. C’est l’habitude qu’on a sur les circuits d’être obligés de les réparer, donc ça m’aidait c’est certain.
Au TTE, on sait que tu fais toujours de bons départs et que tu es très rapide dans les premiers tours, à quoi attribues-tu ces performances ?
C’est l’expérience. Et aussi la confiance que j’ai dans les pneus et la tenue de route de la voiture. Il y a plein de collègues qui sont obligés de chauffer les pneus pendant longtemps, et ça les pénalise. C’est un plus pour moi au départ, mais d’un autre côté peut-être que quand ils chauffent beaucoup ils se dégradent un peu plus.
Avec la RCZ en Free Racing, tu te retrouves entre les 208 et 308…
Oui en plein milieu, et c’est pas toujours facile. En réalité, je fais évoluer la voiture comme je le peux, mais le problème c’est qu’on ne trouve plus de pièces pour ce modèle. Mais tant qu’elle peut rouler je vais rouler avec, et titiller les 308 !
Tu fais désormais partie du paysage de ce championnat, qu’est ce qui fait que tu restes au TTE depuis tout ce temps ?
J’ai commencé avec le TTE en 2015 ou 2016, donc oui je connais tout le monde et l’ambiance est très bonne. La formule du Free Racing me va très bien : on est occupés tout le week-end et quand ça se passe bien c’est agréable. Cette année j’ai beaucoup de soucis mécaniques, mais aujourd’hui je reprends confiance. Il y a peut-être des formules un tout petit peu moins chères, mais l’organisation au TTE est tellement gentille que j’aurais du mal à lâcher. Je pense que je resterai jusqu’à la fin dans le TTE. Parce que tout est bien organisé, on ne nous embête pas pour rien, et surtout lorsqu’il y a des amitiés qui se créent, c’est difficile de couper.
Merci à Patrick de nous avoir accueillis chaleureusement pour répondre à nos questions. Nous sommes heureux de savoir que nous le croiserons encore longtemps dans le paddock et qu’il continuera de participer à la bonne ambiance du TTE par sa présence.
Propos recueillis par Gérard Jolivet et Alexia Ortega. Crédit photos : Alexia Ortega, Gaëtan Minoc