Il est de plus en plus commun de retrouver des jeunes pilotes sur les plateaux du Trophée Tourisme Endurance. Des jeunes venus du karting, de l’Historique ou d’autres filières. En 2019, une jeune pilote a fait son apparition en Formula’Cup, non sans marquer les esprits pour sa première saison. Rencontre avec Adeline Prudent.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Adeline Prudent et j’ai 21 ans. Je suis stéphanoise (Saint-Etienne) et j’étudie à l’ISAT (Institut Supérieur de l’Automobile et des Transports). Mon rêve et mon but à la fin de cette formation est de devenir ingénieur piste. En 2019, j’ai effectué ma première saison en Formula’Cup, mais celle-ci était partielle, car je suis partie en Italie pour effectuer un stage chez Prema Powerteam (qui roule en F2, F3, et d’autres). C’était une superbe expérience qui s’est déroulée de septembre à décembre. Dans l’équipe, j’avais le rôle d’ingénieur data sur les F4.
D’où vous vient votre passion du sport automobile ?
Cette passion m’a été transmise comme beaucoup de jeunes pilotes, par mes parents. Elle me vient également de mon grand-père, qui courait lui aussi. Depuis toute petite, je suivais mes parents sur les week-ends de course de côte, car ils participaient au Championnat de France de la Montagne. Depuis, ils ont arrêté, mais j’ai repris le flambeau.
Quel a été votre parcours jusqu’à maintenant ?
De 2007 à 2013, je faisais du karting. J’ai participé à de nombreux championnats dont notamment le championnat du monde où j’ai terminé 4e au général et première féminine pour ma deuxième participation. Ces épreuves m’ont vraiment donné l’occasion de voyager autour du monde avec des épreuves au Portugal, en Belgique, en Italie et à Bahrain notamment. J’ai été également championne de France féminine en 2011.
Après le karting, je me suis lancé en RCZ Cup. Malheureusement, je n’ai fait que deux épreuves car les week-ends de course coûtaient assez cher. Avec mes parents, nous avons pris la décision d’acheter une Clio III Cup et de faire la Coupe de France des Circuit. Après une année, nous avons décidé de passer à la catégorie supérieure. Nous avons donc acheté une Clio IV Cup pour faire la Clio Cup France. Ce choix de l’achat étant plus intéressant car la location revenait très cher. Je n’arrivais pas à me lâcher au niveau du pilotage et cela me ralentissait. Le chèque de caution à chaque épreuve me dérangeait un peu.
Nous avons fait deux saisons en Clio Cup. J’ai réussi à terminer sur le podium en junior pour ma deuxième année. La compétition était assez féroce et je me battais très souvent dans le peloton.
L’année d’après, 2019 donc, je me suis intéressée à la monoplace et j’ai fait quelques manches en Formula’Cup.
Pourquoi avoir choisi la monoplace après la berline ?
La Clio IV sur laquelle je roulais était assez vieille. Nous regardions pour en acheter une neuve avant que l’annonce de la sortie de la Clio V Cup ne se fasse. Puis nous nous sommes dit que ce n’était pas forcément une bonne idée d’investir dans une voiture neuve pour un an seulement. Avec mes études en plus, je savais que je n’allais pas pouvoir faire la saison entière. Cela aurait été vraiment dommage d’acheter une voiture neuve pour une demi-saison voir moins.
Mes parents, qui ont beaucoup roulé en monoplace, m’ont conseillé d’essayer la discipline en 2019. Cette saison partielle était l’occasion de voir si ça allait me plaire. Mon père me disait que les sensations étaient vraiment incroyables et totalement différentes d’une voiture fermée. Après le premier essai, j’étais totalement d’accord avec lui ! Je ne me verrai plus remonter dans une voiture avec un toit pour l’instant.
Quelles sont les différences notables entre les Clio Cup et la Formule Renault ?
Par rapport à la Clio, il y a de nombreuses choses qui changent. Le plus flagrant pour moi est l’aérodynamique des voitures. Au début, j’avais l’impression de passer vite dans certaines courbes, mais je voyais les autres pilotes prendre les virages beaucoup plus rapidement. Mon père me disait : « c’est parce que tu ne passes pas à fond ! » Et je lui répondais : “mais ça ne passera jamais !”. J’avais mes souvenirs en Clio et ça m’a un peu bloqué. Finalement, après quelques dizaines de tours, je m’y suis habitué et … ça passait bien à fond !
En plus de l’aérodynamique, tout le reste de la voiture est incroyable également. Le freinage est puissant, l’accélération est énorme et on sent beaucoup plus la vitesse à l’air libre. Toutes les sensations de pilotage sont vraiment décuplées. Après, ma préférence pour la monoplace est certainement aussi reliée à mes années karting (6 ans). J’y ai retrouvé certaines de mes habitudes.
Parmi tous les circuits sur lesquels vous avez roulé, y en a-t-il un qui vous a marqué plus que les autres ?
Aucune hésitation, pour moi c’est Lédenon. Je suis même un peu déçu de ne pas y aller cette année en Formula’Cup ! (rires). La principale raison est le vallonnement de la piste, mais j’aime aussi le fait qu’il y ait plusieurs virages à l’aveugle. Il faut être un peu “couillu” pour y aller à fond et c’est ce que j’aime beaucoup.
J’ai roulé sur d’autres circuits du genre comme Spa-Francorchamps, mais c’était en Clio. Sur le coup, je vais vous surprendre, mais je n’ai pas trop aimé. Pareil pour Dijon, en Clio, c’était pour moi un circuit correct, mais en monoplace j’ai adoré la piste. Tout dépend de la voiture au final.
Racontez-nous votre plus belle expérience reliée au monde du sport automobile
Difficile à dire, mais il y a une expérience qui m’a particulièrement marquée. Ma visite des usines Ferrari en Italie. En fait, avant l’ISAT, durant mon BTS, notre classe a eu l’occasion de construire une voiture pour participer au Shell Eco Marathon. On a remporté ce challenge et la récompense était de partir une semaine chez Ferrari. On a pu visiter les usines, faire du simulateur et rencontrer notamment Kimi Räikkönen. En plus, j’ai eu de la chance, il a été super sympa !
Sinon, mon premier podium en monoplace a été quelque chose de très marquant, tout autant que mon titre de championne du monde en karting.
Quelles sont vos ambitions pour 2020 et après ?
Pour 2020, je vais participer à l’intégralité de la Formula’Cup. Je suis assez contente, car l’an dernier, ne pas pouvoir faire toute la saison m’a attristé. Cette année, j’aimerais pouvoir faire le plus de podiums, ou plus, possible.
Pour la suite, je ne sais pas trop. Mon but étant d’être ingénieur piste, je serai donc sur les meetings, mais pas dans la voiture. Je pense que cela sera difficile de conjuguer pilotage et travail toute l’année. J’espère pouvoir encore faire des piges pour me faire plaisir et essayer de faire du mieux possible !