Pour continuer dans la série des interviews du début de saison, Gérard Jolivet a pu rencontrer Louis Bureau. Le pilote de la Norma M20 FC #140 en Free Proto sort d’une saison remplie d’aventures en tout genre et d’une quatrième place au classement général. Le pilote indépendant compte bien revenir en 2021 avec des objectifs de podiums voir plus. Entretien.
Gérard : Louis, tu es licencié à l’ACO, comme ton grand-père Louis Bureau en 1938 et tu pilotes aujourd’hui en Free Proto la Norma n°140. Quand as-tu commencé le sport automobile ?
Louis : “J’ai 71 ans et je cours depuis 52 ans. À l’époque, j’ai commencé en Gymkhana sur une Renault 4CV.”
Gérard : Aujourd’hui, tu cours en Free Racing Proto, pourquoi cette catégorie ?
Louis : “J’ai roulé à l’époque en Formule Renault contre des gars comme Philippe Alliot et Alain Prost, d’ailleurs, Prost a toujours été plus rapide que moi. Plus jeune j’ai rêvé de piloter comme tout le monde une F1, mais ça n’a pas pu se faire. Aujourd’hui, je roule en prototype car ce sont des voitures vraiment performantes avec lesquelles on a beaucoup de sensations. À mon âge, j’y prends encore énormément de plaisir !”
Gérard : Tu es ce qu’on appelle un pilote indépendant, tu as une équipe familiale sans mécanicien autour de toi, pourquoi ce choix ?
Louis : “Je ne pourrais pas être dans une équipe sans travailler sur ma voiture ! Mais je m’entends très bien avec les écuries. Si un jour, je devais me faire aider, j’irais voir le LAMO Racing Car avec qui j’ai de très bonnes relations.”
Gérard : L’an passé, tu as connu un moment tendu au Vigeant quand il y a eu drapeau rouge à cause de la pluie. Ce n’est pas trop dur d’être deux seulement ?
Louis : “Oui, c’était compliqué. Je suis rentré à ma structure dans le paddock pour changer les pneumatiques. Finalement, avec ma femme Annick, nous avons réussi à changer les quatre roues dans les temps. À part dans les moments où il faut être très rapide, ce qui arrive très rarement, nous nous en sortons très bien à deux !”
Gérard : On nous dit souvent que l’ambiance dans le paddock du Free Proto est bonne, tu nous confirmes ?
Louis : “C’est vrai, l’ambiance est très sympathique. On se dépanne entre nous et on se prête des pièces. Forcément, on préfère se bagarrer à 15 en piste plutôt qu’à 7 si des concurrents ont des soucis. Pour vous dire, Philippe Aubrun Sassier, un des membres d’une équipe concurrente, est parti spontanément chez Norma à Saint-Pé-de-Bigorre pour me rapporter un aileron que j’avais cassé durant une sortie. Par contre, dès qu’on part en piste, l’esprit de la course reprend le dessus. Nous sommes tous des compétiteurs.”
Gérard : Peux-tu nous rappeler tes résultats de la saison passée ?
“Je termine l’année 2020 avec trois podiums et beaucoup de quatrièmes places. Avec les grosses performances d’Alaphillippe et Lafourcade, c’était difficile de faire mieux. Le niveau est très relevé dans les pilotes de tête.”
Gérard : Je vois dans tes coupures de presse de l’époque, une victoire en Rally2, raconte-nous cette anecdote.
Louis : “C’était à l’inter-écurie au Mans en 1973. J’ai gagné avec la Simca Rally2 devant toutes les R8 Gordini. La moitié du paddock voulait me faire démonter la voiture et l’autre moitié voulait me l’acheter (rires).”
Gérard : Pour terminer, en tant que passionné, as-tu d’autres autos ?
Louis : “J’ai aussi une traction Citroën. De plus, en 1970, je me suis lancé dans la construction d’un prototype à moteur de Renault 16 TS. Malheureusement, j’ai tout de suite vu que je n’étais pas un très bon constructeur et je l’espère, meilleur pilote (rires).”