Hervé David est un membre connu dans le paysage du sport automobile français depuis de nombreuses années. Présent sur le TTE depuis deux saisons avec sa propre structure, Hervé David Racing, il a remporté avec son pilote Hugo Carini, la première édition de la Formula’Cup en 2018.
Entretien et retour sur cette saison 2018.
Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, pouvez-vous vous présentez en quelques mots ?
Hervé David, je viens d’avoir 60 ans. Je suis dans la course automobile depuis 1978. J’ai connu diverses époques et diverses aventures dans le domaine du sport automobile. Depuis 1992, je suis à la tête d’une structure qui se nomme Hervé David Racing. L’équipe est spécialisée en monoplace et en sport prototype. Nous sommes passés par beaucoup de disciplines dont la Formule Ford quand elle était en France. Nous avons également fait du TTE et nous sommes toujours présents en Historic Tour.
En historique, nous faisons rouler à la fois des monoplaces et des prototypes. Nous sommes actifs sur l’Historic Tour mais également dans les championnats européens.
Nous sommes venus en Formula’Cup dès son commencement avec Hugo Carini et on a remporté le titre 2018. En 2019, j’ai fait courir une voiture, mais moins assidûment que l’année précédente, car notre pilote n’avait pas pu faire toute la saison.
La structure a une vision un peu différente de nos concurrents, car notre but est avant tout de se faire plaisir. Si l’on peut gagner, on fera tout pour le faire, mais la chose principale est de s’amuser. L’esprit de compétition demeure toujours évidemment, car nous faisons du sport automobile, mais ce n’est pas notre fer de lance.
Quels facteurs vous ont fait venir en Formula’Cup ?
Notre arrivée en Formula’Cup en 2018 est due à une réflexion commune avec Hugo Carini. L’année précédente (2017), nous avions tenté de participer au VdeV. Malheureusement, Hugo venait à peine d’acheter sa voiture et ne disposait plus d’un gros budget pour rouler. Il était alors difficile de faire le championnat dans de bonnes conditions.
Quand le projet du TTE s’est présenté, on l’a étudié et on a trouvé que c’était de très loin un bien meilleur rapport qualité/prix pour de la monoplace. Les voitures étaient les mêmes qu’en VdeV en catégorie A. On retrouvait également des anciennes en A1, donc c’était un bon concept. Les engagements étaient à un prix raisonnable.
Le schéma du week-end était bien fait, car concentré sur deux jours la plupart du temps. Ce sont tous ces avantages qui nous ont fait venir dans cette discipline et on ne regrette en rien notre venue. Cela a bien marché pour nous, et globalement, je trouve que c’est une très belle solution pour rouler en monoplace.
Les déplacements étaient également plus chers en VdeV, car nous devions voyager à travers l’Europe alors que le TTE reste en France et se veut un championnat national. De plus, cerise sur le gâteau, nous sommes tombés en arrivant sur des gens charmants et qui sont de très bons organisateurs en plus de le faire dans un très bon esprit.
Vous faites rouler deux types de voitures (prototypes et monoplaces), pourriez-vous les comparer en terme d’exploitation ?
C’est vraiment difficile de comparer, mais il y a quelques points qui sont indiscutables. Faire rouler une monoplace historique demande moins de personnel que pour faire rouler une Formule Renault par exemple.
A contrario, je pense que faire rouler un sport prototype est plus cher que de faire rouler une monoplace. Tout chauffe plus et plus vite, car les éléments sont à l’abri de l’air à cause de la coque. De plus, dès que l’on a une sortie de piste, cela coûte également plus car il y a plus de carrosserie. Après, pour nuancer, le prototype est, en général, une voiture qui se partage donc cela veut dire des frais partagés. Mais les frais peuvent vite augmenter si la course est en relais, car il faut plus de personnels.
D’ailleurs, c’est assez marrant comme constat, mais j’ai eu plusieurs fois l’occasion de voir des gens faire de la monoplace et passer au prototype, mais jamais l’inverse. Pourtant, de mon point de vue, c’est assez normal. La monoplace est en général une voie d’évolution et elle peut vite se boucher à cause du nombre de place réduit dans les grandes compétitions. Évidemment, il y a plus d’opportunités en prototype.
Quels sont les conseils que vous pourriez donner à un jeune pilote qui souhaite grimper les échelons ?
Les jeunes ont quasiment toujours de grandes ambitions. Le problème avec cela, c’est qu’il faut avoir les moyens de les réaliser. Il y a vraiment beaucoup de disciplines et de plateaux différents pour prendre de l’expérience et avancer à son rythme. Je dirais simplement que c’est risqué d’évoluer dans une discipline où on ne fait pas toute une saison, car on peut vite perdre tout ce qu’on a engagé pour rouler.
Il est clair pour moi qu’il vaut mieux commencer par des disciplines comme le TTE si on a un budget restreint. Avec du travail et de la réussite, on peut passer aux étapes supérieures facilement. Hugo Carini en est la preuve ! Il a remporté la Formula’Cup et il a fait du LMP3 en 2019 en ayant fait de multiples performances. Pour 2020, il devrait revenir dans cette même catégorie pour se battre et essayer d’aller encore plus haut.
Ce qu’il faut que les parents comprennent, car ce sont souvent eux qui prennent les décisions importantes : ce n’est pas parce que l’on commence en TTE que c’est une formule sans valeur. La preuve en est avec Hugo. C’est vraiment une formule adaptée aux jeunes qui veulent progresser et poursuivre s’ils s’en donnent les moyens.
Je vois souvent des exemples de jeunes qui vont directement dans des catégories supérieures. Malheureusement, ils ne font pas toute la saison, ne sont pas dans les bonnes équipes, et finissent tout simplement par arrêter, car ils n’ont pas réussi à s’exprimer correctement en piste.
Pour reprendre l’exemple d’Hugo, on s’est battu avec moins de moyens que nos concurrents et on a quand même réussi à remporter la victoire. Pour les jeunes et même les indépendants, c’est vraiment important de savoir que les moyens ne font pas tout et qu’avec de la volonté et du travail, on peut gagner.
Quels sont les conseils que vous pourriez donner à un pilote indépendant qui souhaite prendre du plaisir au volant ?
Tout dépend de la personne. Il y a ceux qui vont avoir la voiture et qui vont faire la mécanique chez eux, et puis il y a d’autres personnes, qui viennent dans des structures comme la nôtre car ils veulent encore s’amuser et prouver des choses. Ils font leur rôle de pilote tout simplement. D’ailleurs je pense qu’il faut des indépendants qui font eux-mêmes, car la monoplace se doit d’être accessible à tout le monde.
Pour moi, il est important que ces deux profils cohabitent et s’entraident quand il le faut. Notre structure sera toujours là pour tendre la main aux indépendants qui rencontrent des problèmes parce que c’est profitable pour tout le monde d’avoir plus de voitures en piste. Je trouve que c’est ça vraiment l’esprit du TTE.
Quelle sera votre programme en 2020 ?
Le programme 2020 est en cours de finalisation. Tout n’est pas bouclé même si on s’en approche. Ce que je peux déjà dire, c’est que Pierre Lemasson repart en catégorie A1 pour toute la saison, c’est acté. Il se fait plaisir, l’esprit de compétition et de camaraderie est là, et cela lui plaît beaucoup. C’est un garçon qui était en historique avant et que revient aux monoplaces plus récents.
Un autre de mes clients en historique vient d’acheter une voiture et voulait l’utiliser en Track-day pour reprendre le rythme, mais il pourrait se laisser tenter par quelques courses dans la saison.
Et puis normalement, tout n’est pas fini, mais on devrait avoir une voiture en catégorie A pour jouer la gagne. Si tout va bien, on sera à deux autos sur plusieurs événements, d’autres à trois, mais on sera présent c’est certain !