Le sport automobile a cette capacité à réunir des personnes de tous horizons qui ne se seraient probablement jamais croisées en dehors des circuits, et c’est peut-être ce qui fait son charme. Alors que la Ginetta #503 du team STR et la Ligier JS2 R #64 d’Extrême Limite menaient déjà le championnat de TTE Pirelli Series et se partageaient les trois premières victoires de la saison, nous avons rencontré deux de leurs pilotes avant la course de Dijon : Marc Bonnet pour la #64 et Benoit Bailly pour la #503. Une vingtaine d’années les sépare, leur expérience et leurs aspirations sont bien différentes, et pourtant… Il s’avère qu’ils ont plus de points communs qu’il n’y paraît, et leur passion partagée de la course a fait se croiser leurs chemins vers la victoire.
Trois courses depuis le début de la saison, deux victoires pour toi Marc, et une pour toi Benoit : la deuxième moitié de la saison devrait à nouveau se jouer entre vos deux équipes, ou vous pensez qu’un autre team va venir vous challenger ?
Marc : Si j’en vois une, c’est la Lotus Exige du team Acqua Rossa, la numéro 37. Malgré des problèmes techniques, elle a montré à beaucoup de reprises qu’elle était capable d’avoir un très bon rythme, autant en course qu’en qualifications. Donc si quelqu’un doit venir s’ajouter à la bagarre je pense que ce sera cette équipe là.
Benoit : Moi aussi, je pense que c’est assez clair. Il y a quelques Ligier qui sont très performantes, mais la Lotus numéro 37 a un potentiel de performance qui n’est pas à négliger. On a fait deux poles cette saison, mais c’est très serré. Et ils ont un moteur très très performant. On a beau avoir un bon châssis, la Lotus reste agile et a une bonne vitesse de pointe.
Marc : Ils ont un compresseur sur le moteur donc dans les montés comme à Lédenon ils sont moins à la peine que nous [rire]
D’après vous quels sont les points forts de votre adversaire? Si vous pouviez en “voler” un, lequel choisiriez-vous ?
Marc : Je dirais la performance rapide sur un tour. En qualifications je n’ai jamais eu la sensation de mettre le STR en danger avec mes temps. Une Ginetta bien emmenée c’est très compliqué à suivre.
Benoit : Une Ligier en termes de performance moteur je pense que c’est un poil mieux que nous, même si on est mieux en châssis, mais ça se vaut, on le voit par les chronos. On est quand même assez proches les uns des autres que ce soit en course ou en qualif. Après, sur un tour c’est autre chose d’être plus rapide en prenant un peu plus de risques. Mais en course je pense qu’on est tous réguliers, on commet très peu d’erreurs et depuis le début de saison on a été relativement fiables.
Marc : Oui, c’est chaque circuit qui met en avant les avantages et les défauts des voitures de façon différente.
Les sports mécaniques sont un sport d’équipe, et c’est peut-être encore plus vrai en Endurance – pouvez-vous nous parler de vos coéquipiers respectifs ?
Marc : Je fais équipe avec Benjamin Redais qui a déjà roulé en TTE il y a quelques années en Proto. Il fait du sport auto depuis un peu moins de 10 ans maintenant. C’est vraiment un plus pour moi, en tant que débutant dans la discipline, d’avoir un coéquipier qui soit à la fois expérimenté, rapide et jeune. Je suis vraiment super content de rouler avec quelqu’un qui me pousse vers le haut et que j’essaye moi aussi de pousser vers le haut.
Benoit : Moi cette saison je partage le volant avec Guillaume Rousseau. On se connait depuis qu’on est gamins, donc on a eu l’occasion de faire quelques piges ensemble sur les saisons précédentes, et je roule avec lui depuis l’année dernière à temps plein. C’est un pilote très expérimenté puisqu’il roule dans plusieurs disciplines sur tout et n’importe quoi. Il a fait longtemps de l’endurance avec une Mégane Trophy. Les performances et le comportement de cette auto ressemblent à ceux de notre auto de cette saison, donc il était à l’aise dès le départ. Je pense qu’il est un peu plus rapide que moi, mais j’arrive à rester proche et assez régulier, donc on forme un beau duo.
Pourquoi faites-vous de la course automobile ?
Marc : Depuis mes 3 ou 4 ans, et depuis que je sais qu’une voiture peut aller vite, c’est quelque chose qui m’a toujours fait envie. Pourtant ma famille n’est absolument pas là dedans. Je pense que, ce qui me motive à être dans ce milieu qui n’est pas forcément facile, c’est le côté passionnel aussi bien des voitures que des gens qui peuplent le paddock. En un seul mot je pense que ce serait la passion pour moi.
Benoit : De toute façon je pense qu’on est tous réunis par la passion. Moi j’ai suivi mon père depuis le plus jeune âge, il roulait déjà quand j’avais 8/10 ans peut-être. Donc j’ai toujours été sur les circuits, et naturellement ça m’a donné envie d’essayer. Et dès l’instant où j’ai essayé, ça ne s’est jamais arrêté.
Justement, comment avez-vous débuté dans le sport auto ?
Marc : J’ai fait un tour de karting quand je devais avoir 8 ou 9 ans, ensuite j’ai fait quelques stages de karting entre mes 11 et mes 14 ans à Châtillon-sur-Indre, mais on n’était pas du tout à un niveau de compétition. Il a fallu attendre janvier 2021 pour qu’une journée de coaching au circuit de Loire-Atlantique, chez Extrême Limite, se transforme en formation sur la durée pour me donner une chance de devenir pilote de course professionnel.
Benoit : J’ai commencé jeune le karting en loisir. Un peu avant 18 ans j’ai eu l’occasion de rouler avec des voitures de mon père en track day et j’y ai vite pris goût. À 18 ans tout juste j’ai commencé par la coupe Clio, et on a enchaîné avec la Saxo Cup, un peu de Supertourisme,… Divers championnats dont les rencontres Peugeot Sport qui nous ont amenés par la suite au TTE.
Pourquoi roulez-vous au TTE ? Et pourquoi avoir choisi le TTE Pirelli Series comme championnat ?
Marc : Après quelques mois de formation en Formule 4, c’est le premier championnat dont mon team manager et moniteur Patrice Roussel m’a parlé. J’ai commencé par la Formule Renault pour me familiariser avec le fonctionnement d’une course, au trafic,… Mais on savait déjà que l’idée sur le long terme était de faire de l’endurance. Vu que la formule du TTE Pirelli Series était disponible dans le championnat du Trophée Tourisme Endurance, on s’est dit que c’était la porte d’entrée idéale dans le monde de l’endurance avec de bonnes voitures, de la compétition,… C’était un très bon choix pour commencer.
Benoit : J’ai commencé l’endurance un peu par hasard. On avait été débauchés pour un meeting où il manquait un troisième pilote aux rencontres Peugeot Sport, et on avait trouvé ça sympa de rouler à l’époque avec les 206. C’était un peu le même format qu’au TTE. On a fait quelques années là-bas, j’ai roulé longtemps avec mon père et par la suite avec d’autres partenaires. Le championnat évoluant chez Peugeot, et pas forcément dans notre sens, on est venus voir comment ça se passait au TTE à la création du championnat et on n’est jamais repartis. On a su évoluer d’une petite auto à une plus grosse auto maintenant.
Quels sont vos objectifs à moyen-long terme ?
Marc : À long terme dans l’idéal ce serait de vivre du pilotage. À moyen terme ce serait d’évoluer dans les formules et dans les championnats, autant en terme de véhicule que de niveau. Essayer de toquer à la porte de championnats européens, trouver des sponsors et des gens qui m’accompagneraient pour justement atteindre ces championnats-là. Et depuis 2 ans maintenant mon rêve ultime serait de participer aux 24 heures du Mans en tant que pilote.
Benoit : Nous on est contents d’avoir réussi à évoluer un petit peu. C’est sûr qu’aujourd’hui la conjoncture est compliquée, mais, en trouvant quelques partenaires et en se démenant un peu, on est passés d’une des plus petites autos du plateau à une voiture performante. Dans un premier temps, on aimerait faire une belle place au championnat cette saison et réussir à faire évoluer l’auto. On est dans une équipe très performante qui n’a pas encore une grande expérience de l’endurance, donc on apprend à chaque meeting de nos éventuelles erreurs ou des problèmes techniques qu’on peut avoir et qu’on découvre. On essaye de faire évoluer la voiture, de la faire aller un peu plus vite, et nous de progresser en même temps. Et d’être devant avec [rire]
Marc : [rire]
Merci à Benoit et Marc d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. Nous sommes impatients de vivre le dénouement de leur saison, et peut-être célébrer leur victoire lors de notre finale au Mans.
Propos recueillis par Gérard Jolivet et Alexia Ortega. Crédit photos : Alexia Ortega