Vous les connaissez peut-être pour la passion du monde automobile qu’ils partagent sur Youtube et leurs réseaux sociaux. Cette saison, Erwan de Nanteuil (The Gloved Driver) et Seb Delanney se lancent un nouveau défi : participer au championnat de Free Endurance avec le team JG Compétition. Transposer leur passion sur la piste du TTE présente un challenge d’autant plus intéressant qu’il s’agit de la première expérience en Endurance d’Erwan, et des tout premiers pas en compétition de Seb. Durant le premier week-end de course au Val de Vienne, nous les avons rencontrés pour discuter de leurs premières impressions. Retour sur le déroulement de ce début d’aventure…
Débuts et trajectoires croisées
Tout commence il y a presque 15 ans, quand Seb se lance sur Youtube pour partager sa passion pour les voitures. Il est alors suivi par un jeune Erwan, qui grandit en regardant ses vidéos, et s’en inspire pour créer sa propre chaîne à son tour, une dizaine d’années plus tard. Ils se croisent alors sur divers événements, avant de réellement se rencontrer sur un projet mené par Pirelli.
Seb : “On s’est connus à travers les réseaux sociaux et on aime les mêmes choses, on a la même passion donc ça marche, on fait une bonne équipe – avec Maxime [Marion, leur coéquipier, ndlr] aussi.”
Rencontre avec Julien Gedet
La rencontre décisive est celle avec Julien Gedet, pilote, entraîneur, et créateur de l’écurie JG Compétition.
Erwan : “J’avais fait la Caterham Academy en 2021, ça s’était bien passé, j’avais adoré donc je cherchais à reprendre la compétition. Julien m’a invité l’année dernière au dernier weekend de course au Mans. J’ai discuté avec lui, [et le projet est né]”
Seb : “J’ai rencontré Julien durant une journée de roulage sur glace, je lui ai dit que mon rêve était de rouler, et c’est comme ça que je suis arrivé là.”
Premier contact avec le Trophée Tourisme Endurance
Après plusieurs semaines d’entraînement et de préparation, Seb et Erwan se retrouvent ainsi sur le circuit du Val de Vienne pour l’ouverture de la saison. Les conditions sont difficiles, mais les deux amis sont prêts à relever tous les défis qui se présentent à eux pour apprendre le plus possible de cette première expérience.
Seb : “Je ne savais pas trop à quoi m’attendre puisque c’est mon premier weekend de course. L’ambiance est super, il y a du monde mais ce n’est pas aussi intimidant que je pensais, c’est très accueillant”
Erwan : “Il y a beaucoup de choses que je découvre : le coaching psychologique, l’échauffement avec les coachs avant de partir, le travail sur les data et la vidéo avec Julien Gedet notre coach,… On est vraiment très encadrés, ça paraît super professionnel, c’est impressionnant. On a l’impression de faire partie de quelque chose, il y a un sentiment de famille qui se crée tout de suite, des liens qui se créent avec les mécaniciens, avec tout le monde.”
Allez voir cette interview pour connaître leurs premières impressions après les essais.
Séance d’essais qualificatifs
Les choses sérieuses commencent avec les premières qualifications, sous une météo toujours changeante.
Seb : “Les voitures sont impressionnantes, beaucoup de grip, elles font un super bruit, c’est une toute nouvelle manière de conduire. Tous les deux on a plus l’habitude des propulsions, là ce sont des tractions donc il faut s’y habituer. Mais le programme est bon, quand on est 3 dans la voiture il faut s’y mettre rapidement parce qu’on est directement en qualifications après 2 séances d’essais. Pour mon premier weekend c’est sûr que j’aurais aimé avoir peut-être un peu plus de temps.”
Erwan : “Je me suis éclaté pendant la session de qualifications. C’est quasiment là où j’ai pu rouler la plus longue session et j’ai vraiment eu des tours clairs. Et puis c’est le pilotage, il y a des moments où tu te sens juste bien dans la voiture, et là je me sentais bien. La piste était mouillée mais il faisait beau donc j’avais une bonne visibilité. J’ai eu quelques petites glisses que j’ai bien rattrapées, je poussais progressivement, j’ai fait de bons temps,… J’étais content, je me suis dit là, j’ai appris des choses. Et accessoirement les voitures sont super cool à rouler !”
Seb : “Erwan a fait notre meilleur temps dans la voiture.”
Ces premières séances sont l’occasion de se familiariser avec les voitures, mais également de découvrir de nouvelles fonctionnalités…
Erwan : “Moi j’adore la radio, je n’avais jamais eu ça. Et le fait d’appuyer sur le bouton et de parler je trouve ça génial ! Des fois j’ai envie de raconter des trucs quand il ne se passe rien. Seb faisait des blagues.”
Seb : “Oui je m’amusais à leur faire des blagues comme “votre Uber arrive” en rentrant au stand, ou quelques vannes dans la ligne droite. Il faut garder une bonne ambiance, le prendre au sérieux mais pas trop non plus.”
Erwan : “L’équipe est vraiment bien pour ça. C’est très cadré mais il y a quand même cette ouverture. Ils vont chercher la performance clairement, ils sont là pour ça. Mais il y a quand même un esprit d’entraide et de camaraderie qui est super agréable et qui équilibre un peu la pression qu’on peut avoir avec ce côté très professionnel qui m’a un peu impressionné au début.”
Seb : “On ne peut pas se cacher ! Comme il y a toutes les data, toutes les vidéos, si tu fais une erreur quelque part on le verra.”
Erwan : “On se sent vachement responsable de ce qui se passe. C’est un apprentissage, ça pousse à devenir meilleur tout le temps et c’est l’objectif aussi.”
Dernières minutes avant le départ
Le départ de la course approche et la pression commence à monter.
Seb : “Je suis assez stressé avant le départ c’est sûr. Parce que c’est complètement nouveau donc je ne sais pas à quoi m’attendre. J’ai aussi le stress de ne pas vouloir gêner d’autres qui sont plus rapides. Comme on a roulé dans des conditions qui changeaient tout le temps, je n’ai aucun chrono avec lequel me comparer. Est-ce que je suis complètement à l’arrière, est-ce que ça va, est-ce que c’est très bien… je ne sais pas. Donc je commence la course sans ces infos là.”
Drapeau vert pour 4 heures
Le départ est donné, c’est Maxime qui prend le premier relais pendant que Seb et Erwan attendent patiemment. Quand vient leur tour, ils font enfin la découverte de l’Endurance et de toutes ses particularités.
Erwan : “Le fait de ne pas être en sprint, et de ne pas devoir être le couteau entre les dents du début jusqu’à la fin a fait que je suis rentré dans la voiture beaucoup plus détendu. Au début de ma course, j’ai eu un peu de mal à me mettre dedans, j’étais un peu hésitant sur le regard,… Je me suis senti un peu plus stressé que durant ma période de qualif quand même.”
“Ce qui est très particulier dans l’Endurance c’est que comme le peloton est complètement éclaté, tu ne sais jamais contre qui tu te bats. Quand tu fais un arrêt, que tu reviens en piste et que d’un coup il y a une voiture qui arrive super fort derrière toi, tu n’as aucune idée de qui c’est, de quelle voiture c’est, d’où elle est dans le classement, c’est très particulier comme sensation.”
Contretemps et frustrations
Malheureusement, un fait de course coupe Erwan dans son élan et le pousse à ramener la voiture au stand, sans certitude qu’elle pourra repartir.
Erwan : “Au début évidemment je ressent énormément de culpabilité, parce que ça ne fait pas plaisir. Ça donne du travail aux mécanos, ça coûte des sous, ça tue la course des coéquipiers donc ça fait mal comme responsabilité. Mais au fur et à mesure en voyant les vidéos on s’est rendus compte qu’il n’y avait pas de moyen de l’éviter.”
Seb : “En voyant que je n’allais potentiellement pas rouler je me disais que c’était compliqué, parce que pour le prochain weekend de course je n’aurai toujours pas de référence.”
Finalement, l’équipe a fait un super travail pour réparer les dommages, et Seb peut prendre la piste, même si les équipiers ne sont plus en mesure de se battre au classement.
Seb : “Heureusement j’ai pu sortir et avoir ces références. Le fait de ne plus jouer grand chose m’a enlevé de la pression, je suis sorti pour le kiff et c’était top. Pendant les quatres premiers tours la voiture était froide, je n’arrivais pas à aller vite. Au début j’y allais vraiment mollo, je laissais passer, j’observais un peu les lignes que tout le monde prenait, comment ça marchait, et à un moment j’ai vraiment senti le grip arriver et j’ai commencé à aller chercher des chronos.”
“C’était vraiment intéressant, j’ai pu voir aussi ce que c’était de suivre proche. À certains moments, j’étais derrière d’autres Clio Cup, je voyais que j’étais peut-être un peu plus rapide, et donc je pouvais me mettre derrière et voir comment on analyse la conduite de l’autre pour déterminer où passer. J’ai eu 2 ou 3 dépassements comme ça où j’ai beaucoup appris.”
Erwan : “Je suis soulagé que Seb ait pu rouler et que Maxime ait pu finir. Maxime qui en étant dernier de la course faisait des meilleurs temps que le premier, je tiens à le dire.”
L’heure de faire le bilan
Après avoir pris le drapeau à damier, vient le temps d’analyser le week-end. Malgré une course en demi-teinte, Seb et Erwan ont le recul nécessaire pour voir le positif et surtout l’apprentissage considérable qu’ils retirent de cette première expérience.
Erwan : “On a progressé c’est sûr et certain. Je n’ai pas encore compris la voiture à 100%, donc j’ai encore beaucoup de réserve sur les freinages etc. On a roulé dans des conditions très changeantes donc je n’ai pas encore la voiture en mains. Je sens que je suis à l’aise, je pousse de plus en plus, mais je n’ai pas enchaîné une bonne session où je pouvais vraiment aller chercher la limite, je suis encore beaucoup dans la découverte. C’est ce qui rend le truc un peu stressant parce qu’il y a une question de confiance, je me dis “est-ce que je vais y arriver?”. En peu de roulage avec la voiture j’ai eu beaucoup d’expériences qui ne m’étaient jamais arrivées : là j’ai touché quelqu’un, à Nogaro j’avais fait une petite sortie de piste aussi,… c’est l’apprentissage mais là ça fait beaucoup quand même [rire]”
Seb : “Moi c’est pareil, je n’ai pas encore l’expérience ou la confiance de vraiment pousser donc je monte petit à petit, j’ai pas envie d’être le gars qui arrive trop confiant, qui veut aller trop vite trop vite. Donc il y a des endroits où je sais très bien que si j’avais vraiment la confiance je serais capable d’aller plus vite, mais j’ai pas envie de faire des bêtises la première fois. Le mélange de manque d’expérience, manque de compréhension de la voiture et manque de confiance fait peut-être freiner 15 mètres plus tôt, même si on sait très bien qu’il faut freiner 15 mètres plus tard. Et je pense que je pourrais le faire, c’est juste que je ne suis pas encore prêt. Ma mentalité c’est vraiment d’y aller petit à petit.”
Erwan : “De toute façon c’est en forgeant qu’on devient forgeron donc il faut rouler.”
Seb : “Sur le papier, si on regarde, on se dit que ce n’était pas un weekend idéal, mais je vois le verre à moitié plein ! J’ai pu rouler, j’ai pu kiffer, j’ai pu avoir une expérience de course et c’est exactement ce que je voulais pour ce weekend. Je pense qu’on n’allait pas faire un podium de toute manière. J’ai eu l’expérience que je cherchais en venant ici donc je ne suis pas déçu en rentrant.”
Ces débuts n’ont fait qu’augmenter l’anticipation pour la suite et confirmer la passion des deux pilotes pour la compétition.
Erwan : “Dans l’ensemble c’était un peu frustrant mais une très belle expérience, et j’ai passé un bon weekend malgré les aléas. J’ai déjà hâte d’être à la prochaine.”
Seb : “Il y a une très bonne ambiance. On n’a pas pu rencontrer beaucoup d’autres pilotes mais on a hâte d’apprendre à connaître tout le monde et faire partie de cette famille.”
Erwan : “Le mot de la fin c’est “quelle chance incroyable de pouvoir faire ça”.”
Seb : “Oui, on vit notre rêve.”
Nous n’aurions pas dit mieux ! Nous avons hâte de suivre le parcours d’Erwan et Seb tout au long de la saison de Free Endurance, et nous ne manquerons pas de le partager.
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