Cet été, après notre publication sur le métier d’Ingénieur piste, nous souhaitons vous présenter une série d’articles spécifique à la création des voitures de course. Pourquoi en crée-t-on ? Quel est le processus et quelles sont les pratiques les plus adaptées ? Nous sommes allés à la rencontre de Guillaume Deneux du constructeur Zulltec, qui termine en ce moment la création d’une nouvelle voiture dédiée à la piste.
Guillaume, pourquoi créer une voiture de course ?
Je dirais que l’on crée une voiture de course pour répondre à un besoin. Si l’on se place du point de vue d’un petit constructeur en France, c’est principalement pour cette raison. En général, ce besoin doit répondre à un cahier des charges, défini par une réglementation sportive. Pour faire simple, nous créons la voiture qui nous permettra d’être performants dans une catégorie.
Mais il y a aussi une autre raison : certains créateurs ou constructeurs sont passionnés et peuvent décider de créer une voiture de course par envie. En fonction des affinités des personnes, cela peut se décliner en Endurance, en Rallye, etc. Mais même dans ce cas-là, l’envie répondra à une réglementation bien précise. C’est la base de tout le développement de la voiture, tous les constructeurs de voitures de course s’y plient.
D’un autre côté, les constructeurs plus classiques, comme Peugeot et Renault pour ne citer qu’eux, ont plus une image de marque à donner au grand public. Ils ont besoin de présenter leur travail, leur savoir-faire et la course automobile est un très bon moyen de prouver leurs capacités.
Quelle est la meilleure chose entre construire de zéro ou prendre des pièces d’autres modèles pour assembler sa voiture ?
Avec Zulltec, nous sommes en plein dans ce cas de figure. En tant qu’entreprise spécialisée, ce n’est pas toujours plus facile de prendre des pièces extérieures comme on pourrait le penser, même si certaines restent complexes à créer. Il est plus simple de partir de zéro pour plusieurs raisons.
La première raison est que l’architecture globale de la voiture se compose comme un puzzle. Si nous prenons plusieurs pièces de chez plusieurs constructeurs, à la fin, les pièces ne s’emboîteront pas aussi facilement que prévu. Cela peut vite poser des soucis, que ce soit à la conception ou lors des tests bien plus tard.
Partir de rien est peut-être plus compliqué au départ, mais cela assure une certaine cohérence et nous permet d’avoir plus de latitude dans la construction de la voiture. En prenant beaucoup de pièces existantes, on peut également vite se retrouver limité par les performances. Certaines pièces ne seront pas adaptables comme nous le souhaitons pour convenir avec d’autres par exemple. Le produit final peut alors se retrouver moins performant, car chaque élément aura apporté son lot de contraintes.
Quand nous partons de zéro, nous faisons de grands choix qui peuvent évoluer au fil du temps. En prenant quelque chose d’existant, tout va s’articuler sur ces premiers choix et il sera alors difficile de changer la base si la conception finale ne convient pas.
Dans notre cas de petit constructeur, on ne peut malheureusement pas tout construire de A à Z. Nous sommes partis avec une boîte de vitesses et un moteur existant, ce que quasiment tous les constructeurs font. Ce sont des éléments complexes, qui prennent des mois, voire des années à fiabiliser et à notre niveau, ce n’est pas envisageable. Nous avons choisi d’utiliser un moteur bien connu, le Honda 2L.
Pourquoi ce choix ? Car il répond à nos besoins de puissance et de fiabilité en tant que moteur de 2L atmosphérique. Ce moteur est efficace et éprouvé, notamment en CN sur les Norma. Nous avons pensé à plusieurs autres choix, mais le souci est que pour sortir autant de puissance d’un moteur de ce genre, le coût était différent et la fiabilité se retrouvait amoindrie.
Quel est le premier élément à créer quand on construit une voiture de course ?
Le premier élément qui entre en compte est le règlement. Sur cette base, nous imaginons le châssis de la voiture, c’est-à-dire la coque. Celui-ci doit répondre à plusieurs contraintes et les premiers choix déterminants arrivent déjà ici : châssis carbone, tube ou autre ? Le règlement impose des dimensions, des pièces destinées à la sécurité et bien d’autres choses qui influencent les futures décisions de construction et déjà sur le résultat final.
Quand on crée une voiture, il faut tout de suite en avoir une vision globale, car le puzzle ne prendra forme que si on a en tête sa forme définitive. Le châssis doit déjà répondre à toutes les contraintes suivantes lors de la conception, il faut de la place pour tel élément, puis tel élément, etc. Il faut avoir tout en tête dès la création du châssis.
La partie 2 de cette série est à lire en suivant ce lien !